Bruits à la campagne
Le bruit, c'est le mouvement !
Tout ce qui bouge provoque un bruit, et rien ne peut bouger sans produire de son. En fait, on perçoit un bruit quand une personne fait quelque chose, dans un espace, avec un outil. A la campagne le bruit est donc partout.
Les bruits de la campagne sont souvent idéalisés par ceux qui n'y vivent pas. Pour un Parisien, le chant des cigales ou le clapot de la mer va être associé à une idée heureuse, comme les vacances. Pour le campagnard, ces bruits de la nature sont une fatalité qu'il apprécie plus ou moins, mais en tout cas, il ne cherchera pas à lutter contre eux.
En revanche, il va se plaindre de ce qu'il peut maîtriser, c'est-à-dire souvent le bruit des autres, les pétarades d'une mobylette en pleine nuit par exemple. En ce sens, la perception des sons à la ville ou à la campagne est assez semblable. Les urbains ont eux aussi leur fatalité : aucun individu d'une grande ville n'ira porter plainte du bruit des voitures. A la ville l’environnement sonore est différent, mais la perception du bruit suit le même schéma.
Or je suis fermement convaincu que le bruit qui résulte des pratiques agricoles crée autant de nuisances que bien d'autres activités comme les bruits réliés par la circulation aérienne, ferroviaire ou routière.
Sourtout lorsqu'à la campagne la taille des unités de production augmente et que ceci inclut plus de transports des produits agricoles.
Plus de sorties aussi. Aujourd'hui plus de porcs se rendent à l'abattoir, plus de lisier doit être amené aux champs pour l'épandage, etc.
Les bruits associés à cette folle circulation sont toujours une nuisance pour les voisins.
Éviter ou limiter la circulation le soir et la nuit est un moyen de réduire les nuisances.
Pourquoi donc, ces satanés bouseaux, ne s’arrêtent donc jamais de produire autant de bruits aux moments les plus incongrus du jour et/ou de la nuit ?
Passe encore pour les animaux et leurs vociférations diverses, mais ces maudits bouseux eux …. A croire qu'il le font exprès !
Tout comme les bruits, il en va de même pour les odeurs ….
L’inventivité des homidés ruraux est sans limites en matière de (non) gestion de la gêne olfactive : fumiers/lisiers, brassage d’excréments divers, pompage d’eaux malodorantes et ainsi de suite... Tout pue à la campagne y compris le fromage.
A la campagne plusieurs facteurs sont interalliés à la propagation du bruit, ils incluent la distance, l'absorption de l'air, les conditions météorologiques et la couverture des sols. Par exemple, la couverture au sol, la rugosité des barrières ou des clôtures ont toutes des effets sur la turbulence de l'air et le mouvement du bruit au-dessus des terres agricoles. Cela favorise le pourrissement de la vie d'autrui, la mienne par exemple.
Quand je pense qu’il y a toujours quelque part encore des parents débiles qui font écouter à leur jeune progéniture les ineptes chansonnettes du sinistre Henri Dès (oui, souviens-toi de tes 4 ans d’antan).
Tu penses ? Henri Dès : ce chantre indolent de chansons sur les bruits de la campagne. Tu m’étonne qu’il y ait de nos jours tant de crétins qui font du bruit à toute heure.
Bon, j’avoue : je ne sais pas trop si ce type a vraiment réalisé une cantilène sur ce thème. Il n’était pas à la composition d'une merdasse près.
Un truc à t’écorcher les oreilles les chansons de cet Henri Dès et à rendre dingue n’importe quel enfant normalement formé …
Bref : j’exècre la campagne, mais par-dessus tout j’abhorre ses bruits et leurs auteurs : celui produit par le tracteur et par son abominable pîlote.
Celui de tondeuse. Celui des chasseurs. Celui de la fanfare municipale.
Ainsi que celui - qui se voudrait festif - qui s'échappe lors des week-end d'été, de la minable grange locale transformée, par décision et arrêté municipaux, en douteuse salle de fêtes communale.
Celui que fait le Porsche du voisin lancée à 100km dans le village alors que je guette en cachette et avec impatience le moment ou il va faire Badabooooum ! contre le platane de la place du village.
Le bruit de l'attelage du voisin fermier avec son son air d’authentique et fier pécore qu'il arbore lorqu'il s'y promène la-dessus et à nus-pieds.
Celui des pitoyables et nombreux animaux du village le dimanche matin à 06h00, alors que, privé que tu es de ton sacrosaint sommeil dominical, tu souhaiterais bien les massacrer massivement à la tronçonneuse parce que y'a des limites quand même.
L’insupportable vol de la petite guêpe dans le jardin dont sa seule présence te pourrit ton déjeuner en plein air et qui te contraint de rentrer dans le salon par 40° degrés à l’ombre.
Celui de la mouche au dessus de ton remarquable dessert aux délicieux fruits du verger de bonne maman.
L’envol du moustique dans la nuit qui non content seulement de te sucer tout ton sang, se plait à t’empoisonner ta nuit et te contraint à t’auto flageller à coups de claques dans la gueule dans le vain espoir d’exploser ce sale insecte sur ta joue gauche !
Les bouseux ne parlent pas : ils te hurlent à la figure dans des patois incompréhensibles, en brumisant tes narines à l'aérosol de leurs fétides haleines !
Ils sont sourds profonds à force d’avoir produit continuellement des bruits indicibles tout au long de leur vie insensée.
Il en va de même pour la maison à la campagne.
Ses sols craquent en pleine nuit dans des bruits assourdissants et épouvantables.
La brinquebalante bâtisse semble tout droit sortie d’une architecture à la technique moyenâgeuse. Son confort est à l’avenant. C'est-à-dire tout relatif. Pour ne pas dire inexistant.
Les vents aux étages s’engouffrent dans les multiples cheminées de cette sinistre maison. Cela te procure l’impression que ton heure vient de sonner.
L’ouragan Katarina d’il y a 3 ans en Louisiane n’était qu’un simple courant d’air en comparaison.
Cela finit toujours par te glacer le sang, si toutefois tu avais pu conserver encore un peu de chaleur dans tes veines dans le frigidaire qu’est ta chambre lors de tes nuitées à la campagne.
Les orages nocturnes déchirent tes oreilles sous les bruits assourdissant de la foudre et nous font revivre les éprouvants d’antan lorsque, petits, nous étions terrifiés, sans défense et … seuls au monde.
Haineuse, nauséabonde, violente, conservatrice, cruelle, bruyante, rétrograde, barbare, arriérée, malodorante, périlleuse, traditionaliste ainsi qu'agressive campagne : Je te hais !