Atteindre ou oublier Ithaque
Atteindre ou oublier Ithaque ?
Comme l’expérience, Ithaque apparaît identiquement à une illusion.
Une initiation qui guide le voyage de chaque individu sur les chemins de l’humanité.
Ithaque est l’illusion d’un port qu’on n’atteindra jamais. Un voyage infini conçu pour riposter par la tension et par l’effort aux obstacles sans cesse rencontrés.
En changeant aussi constamment de direction et en édifiant sans cesse la connaissance.
Mais laquelle au juste ?
Alors que le voyageur ambitionne un avenir nouveau, c’est les « passé » - d’Ithaque - que sans cesse le rappelle en arrière ... Ulysse, ou le voyageur immobile.
Comme Ulysse, je reconnais le caractère inouï des richesses de chaque « différence » qui caractérise si bien toute expérience et chacune des rencontres accomplies via la mer.
Une épopée qui a elle seule peut servir de mythe fondateur de la Méditerranée qui nous entoure.
L'histoire aussi d’un homme affrontant le danger armé d’un cadran, car voyager c’est avant tout pouvoir se repérer.
Une complexe imbrication de mondes parallèles qui méandrent, depuis Homère jusqu’à Joyce en passant par Dante, entre littératures et performances existentielles.
Des procédés vécus comme des enquêtes psychologiques et dans lesquelles le fil rouge de la continuité semble hésiter entre la mer et le sol.
Le choix d’un lieu instable et liquide, là où les pas tanguent et la roche tenace où s’excavent les racines. Le rapprochement d’une double expérience.
L’attrait de l’innovation, de la technologie, de la culture et des langues différentes longeant, dans la confrontation, notre périple.
Rentrer ou ne pas rentrer à Ithaque ?
La propension pour l’inconnu et le « nouveau monde » qui se heurte à l’appel lancinant de l’ancien.
Et au milieu le temps qui passe …
Une posture proche de la procrastination qui pourrait atténuer aujourd’hui les préoccupations de cette existence contemporaine, violemment tournée vers la performance, la prouesse et l’exploit.
L’engourdissement aussi.