Pourquoi je déteste les week-end à la campagne (suite...)
Les mondanités constituent déjà une épreuve en ville, à la campagne elles virent au cauchemar.
Au moins, dans les dîners en ville on n'exige pas de vous que vous soyez « naturel ». Dans la propriété champêtre c'est, hélas, le mot d'ordre. Sous prétexte qu'il y a de la verdure tout autour, l'on est tenu d'adopter cette attitude fausse entre toutes que la mauvaise fois a baptisé le « naturel ».
Ca pue le purin, ce naturel là.
Le naturel trouve le sommet de son illustration sociologique dans l'équivalent campagnard du cocktail, à savoir le barbecue. Les ingrédients de la nature primitive et authentique ont été réunis avec un soin et une naïveté bien touchants. Pire : navrants. Il y a le feu, le bois, les quartiers de viande crue, les lames tranchantes. Cependant un consensus trop primitif empêche ces âmes en quête de sauvagerie de voir l'espèce de diesel pestilentiel sans lequel le chef de la tribu ne pourrait jamais alimenter la flamme et de remarquer le goût de pot d'échappement que cela confère à la grillade qui, de toute façon, arrivera carbonisée dans votre assiette.
Le pire n'est pas la nourriture mais l'esprit dans lequel il est convenu de la manger.
« Détendez-vous, nous sommes à la campagne », vous dira le maître de maison au sourire crispant, sans se rendre compte que sa gentille exhortation comporte une contradiction évidente : c'est précisément à cause de cette campagne qu'il est définitivement impossible d'être détendu. Car enfin s'il y a bien un environnement hostile à l'homme sur Terre, c'est bien la nature. Les populations préhistoriques ne trouvaient certainement pas que les forêts et les plaines étaient des lieux apaisants.
Tout comme moi aujourd'hui, l'homidé du paléolithique , se sentait en danger.
(à suivre) ....